let's get new kids (lonan&daisy)

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Daisy referme la porte sur son dernier client, épuisée par la séance qui vient d'avoir lieu. Contact avec les morts, tirage de cartes - il a eu droit à la totale, pour un prix qui vaut le coup, mais qui a beaucoup coûté à la jeune femme. Sa tête bourdonne d'un léger vertige, comme après les séances les plus intenses qu'elle tient parfois. Elle sait qu'elle va tourner en rond et ne parviendra pas à se détendre avant de s'être occupée un peu. Elle s'aventure dans sa cuisine, ouvre le frigo d'un air pensif, où l'attend un tupperware sorti de nulle part. Elle ignore d'où il vient - Abel, Lonan, les possibilités sont infinies, puisque tout le monde semble horrifié de son peu de talent pour la cuisine et de ses habitudes alimentaires. Sans même le réchauffer, elle mange un bout à même la boîte plastique, sans vraiment en ressentir le goût. C'est par obligation, qu'elle mange, rarement par passion. Daisy a trop à faire pour manger, et puis, élevée comme elle l'a été, ce n'était pas chez son père que la nourriture valait son pesant d'or en terme de goût ou de valeur nutritive.
Une fois le tupperware reposé dans le frigo, elle jette sa fourchette dans l'évier et avale un verre d'eau. Sa tête s'est calmée, et elle se sent déjà plus sur terre que parmi les morts, qui ont cessé de chuchoter au creux de son oreille. Il n'est pas tard - quinze heures, l'après-midi devant elle. Ce qui lui donne une idée. Sans réfléchir, elle se glisse par la fenêtre jusqu'à l'escalier de secours, qu'elle enjambe jusqu'à se retrouver à la fenêtre de son voisin, contre laquelle elle cogne distraitement, essayant de ne pas froisser les feuilles des plantes qui l'entourent. C'est leur petit jardin commun, l'escalier de secours - Lonan et elle se sont liés d'amitié par leur amour des plantes, et le jardin est apparu par accident, chaque plante se rapprochant un peu plus de la fenêtre du voisin, jusqu'à devenir un petit havre de paix suspendu contre le bâtiment de Brooklyn. Daisy cogne à nouveau, jusqu'à ce que la fenêtre s'ouvre et que le visage de Lonan n'apparaisse. Inclinant la tête, la brune lui adresse un sourire las, mais sincère. "There's a new flower shop two streets away, I'm about to go check it out. You in?" La proposition est lancée d'une voix douce, qui n'oblige à rien. Elle ne dirait pas non à de la compagnie, et elle ne pense à personne d'autre pour aller plant shopping dans les rues de Brooklyn. Il n'y a personne de mieux placé pour l'aider à faire un choix, d'ailleurs. "I was thinking, flowers, but also... I think I need more plants in my bathroom," elle ajoute, pensive. Sa salle de bain a déjà quelques plantes suspendues, qui apprécient l'humidité et la luminosité douce de la pièce. Mais des fleurs ne seraient pas de refus contre sa fenêtre, avant que l'automne et l'hiver ne les emportent.

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Lonan ne fait rien. Pour une fois. C’est sa journée de repos. Il a bossé aux docks jusqu’à tard hier soir, et a tout de même réussi à se réveiller super tôt ce matin. Il était seulement midi qu’il avait déjà cuisiné pour tout un régiment (un jour il devrait apporter des tupperwares à Max, juste pour voir sa tête), fait du sport, même fait du yoga, arrosé ses plantes, avant de finalement décider de faire une sieste au lieu de tourner comme un lion en cage dans son trente-cinq mètres carré.
Mais il est déjà éveillé, et regarde son plafond en se demandant s’il ne devrait pas en changer la peinture un de ces quatre, histoire de passer le temps, plutôt que de laisser ses pensées prendre le dessus et le mettre de mauvais poil.
Il sort de sa torpeur, se redresse dans son canapé, quand il entend cogner à sa fenêtre. Sens en alerte pendant une seconde - l’habitude - il se calme cependant presqu’instantanément.
C’est Daisy. Évidemment. Qui d’autre pour venir toquer à sa fenêtre, de l’extérieur ? Il n’y a qu’eux deux pour faire ça chez l’un comme chez l’autre - bien aidés par la plate-forme commune de l’escalier de secours (qui leur sert d’ailleurs presque de terrasse, ou de balcon). Très franchement, il ferait une crise cardiaque si un jour il voyait la tête de quelqu’un d’autre s’approcher de sa vitre.
Ni une ni deux, il vient ouvrir sa fenêtre en grand, et plisse un peu les yeux face au soleil. « Hi Daisy. »
Apparemment venue avec une intention précise, elle lui explique rapidement qu’un nouveau fleuriste a vu le jour dans le quartier, qu’elle s’en va voir de quoi il en ressort, et lui propose de l’accompagner. Il ne peut pas refuser. Son « of course » est enthousiaste.
À ce stade, les plantes, c’est juste une extension naturelle de sa personne. Ou de leur pan d’immeuble, à regarder plus grand. Ils se sont déjà faits engueuler une fois, Daisy et lui, à obstruer les escaliers de secours, mais ils ont finalement trouver une manière d’arranger les plantes et fleurs (et insectes) pour que ça ne dérange pas les potentiels passages. Puis ils ne sont pas les seuls habitants de Brooklyn à combler l’absence d’un balcon en utilisant les escaliers extérieurs (les barbecues des voisins du bâtiment d’en face sont très populaires).
Lonan s’assied sur l’appui de fenêtre pour enfiler des chaussures, et arque un sourcil en écoutant Daisy. « Did you already kill... what was it, ferns? » Il a un bref rire en faisant ses lacets. En soi, il ne peut blâmer personne ; leurs plantes intérieures ont bien souffert ces derniers mois, entre les problèmes de chauffage dans l’immeuble et la canicule. Même lui a bien failli perdre une partie de ses protégées - et il parle en tant que chlorokinésiste (bien qu’il tente de mettre un point d’honneur à laisser les plantes suivre leur cycle naturel, ne leur donnant un coup de pouce qu’en cas de dernière nécessité). « Flowers are always a yes though. »
Il se relève pour aller chercher de l’argent, parce qu’il est certain de ne pas résister à l’achat de plantes. Son studio, c’est déjà une petite jungle (ou jardin) - principalement concentrée autour des fenêtres donnant sur l’extérieur, dans le coin lit, et une partie du salon - mais... il n’y a jamais assez de nature.
Pour la peine, Daisy et lui s’entendent bien sur ce point. C’est même comme ça qu’ils se sont rencontrés, trois ans plus tôt - grâce à leur amour des plantes.
Revenant vers Daisy, il pointe d’un geste de la main la porte de son appartement, puis les escaliers extérieurs. « You wanna go this way or that way? » Dans tous les cas, pour lui qui n’aime pas l’ascenseur, ce sera les escaliers - dehors ou à l’intérieur.
Une fois qu’ils ont rejoint la rue, Lonan en profite pour prendre un ton malicieux - et énergique. « You should buy some daaaaaisies. » Il réfléchit deux secondes ; il a déjà fait la blague, c’est sûr. En trois ans, c’est impossible qu’il n’ait jamais pensé à ça.

» DAISY/TITO - PEAK CHAOTIC NEUTRAL ENERGY